Le Penjari et la cascade de Tonougou. On y tutoie des sommets.

20130409_124155Voici plusieurs semaines que je reporte mon voyage sur le nord Benin. Je ne me vois pas en train de réduire notre offre uniquement au Togo, il faut au moins que TTA profite de la proximité avec le Benin.

CE matin donc, nous partons très tôt, avec presque l’équipe de Kara au complet. Je veux tester deux chauffeurs que j’ai recrutés la veille.

Direction Nadoba. La route, je commence à la connaître. En quittant Kanté, je tombe sur des jeunes gens creusant un puits au marteau piqueur. Je saute sur l’occasion et prends rendez-vous avec eux à Siou pour le lendemain. Avec un peu de chances, j’aurai de l’eau finalement dans mes puits.

La sortie de Nadoba pour entrer dans Boukoubé, ville frontalière est particulière. Du côté togolais, nous n’avons jamais été arrêtés, et nous nous sommes donc retrouvés au Benin sans le savoir, sauf jusqu’au moment où j’ai consulté mon gps.

Bref, du côté Beninois, il y a la douane. Nous attendons 15mn pour nous faire délivrer le laissez-passer, car le préposé est allé au marché. Juste après la douane, la différence saute aux yeux. Les Tatas du côté béninois sont plus propres. Ils utilisent une sorte de terre rouge, là où du côté togolais, ce sont les écorces de néré qui donnent cette teinte sombre aux tatas. Le second constat, c’est qu’ils ont des pistes qui tiennent la route. Ici, la latérite a été bien chargée, la piste est surélevée, et ça roule plutôt bien.

Nous rallions donc Natitingou en un peu plus d’une heure. Ambroise, mon correspondant sur place est là. Nous ne perdons par trop de temps dans la contemplation de cette ville lumineuse et fière de Natitingou. Je ne lui trouve aucun équivalent au Togo. Petite ville coquette, avec un hôtel de ville luxuriant. CE sont les retombées de la décentralisation, me dira Ambroise. Fin de commentaire. Et pas de politique ici.

Nous filons droit vers le Penjari. L’objectif n’est pas d’y entrer, il faut deux jours pour cela, mais de tâter du terrain, prendre de l’info. Sur ce plan, Ambroise est intarissable. Il a une connaissance historique, ethnographique, géographique  et anthropologique de la région qui me gêne. J’en suis jaloux. Je ne connais pas le nord du Togo autant.

Nous rallions Tanguiéta sur une route goudronnée exemplaire. J’enrage. Puis de Tanguiéta, nous prenons la piste rouge, mais ça va encore.

L’idée de mettre une zone cynégétique (zone de chasse) à la lisière de la réserve tient du génie. Alors que nous, pour le parc de la Kéran, nous avons tout mis au profit de la protection des animaux, ceci au détriment de l’homme, ici, ces zones cynégétiques permettent aux villages environnants d’avoir des périodes de chasse, mais surtout ce dispositif permet au parc de se faire des revenus. Selon le directeur du parc, 60% des revenus du Penjari proviennent de la chasse. Les Occidentaux paient cher pour tirer une bête.

Nous traversons donc la zone cynégétique du Penjari sur de longs kilomètres. La piste est constellée de petits villages qui se ressemblent. Les gamins courent dans les rues. Je me revois il y a une trentaine d’années. Quelle candeur avions-nous à l’époque !

Nous arrivons finalement devant l’entrée du Parc, à Batia. L’entrée est solidement gardée par un détachement militaire. Depuis que l’annonce d’un risque d’attentat terroriste a été faite pour le pays, la sécurité a été renforcée. La conséquence immédiate, c’est que les gens à la vue des militaires ne se sentent plus en sécurité. C’est tout le dilemme des plans de sécurité.

Les jeunes filles à l’accueil sont sympathiques et souriantes. J’achète une tonne de documents, y compris des DVD, puis nous nous apprêtons à partir quand les militaires viennent me voir. Il y a une dizaine de jeunes élèves qui sont bloqués à l’entrée du parc faute de voiture. Pourrais-je en ramener certains à Tanguiéta. Le véhicule est plein, mais difficile de refuser. Ils s’assiéront à l’arrière. Je prends deux jeunes filles. Elles ont apparemment les vivres pour un mois. Du mais, des tubercules et des légumes. On charge le véhicule.

Direction, les chutes de Tanougou. J’ai souvent entendu parler de ces chutes. Je suis pressé de les voir en vrai. La visite coûte 1000/ personne. Mais comme nous sommes en prospection, les gars sont sympa, ils nous font le package à 1000F. Il s’agit en fait de deux chutes. L’une, au niveau inférieur, qui est jolie, mais pas plus, et l’autre, plus haut, qu’il faut atteindre en faisant un peu d’escalade sur des pierres rendues glissantes par les embruns.

Là-haut, les jeunes nous disent que la piscine fait à certains endroits 35m de profondeur. J’ai un doute, mais honnêtement, je n’ai pas envie d’aller vérifier. Il y a un passage au flanc de la montagne, où on peut monter pour sauter dans l’eau. Deux jeunes français sont en train même de s’y essayer. Au départ, comme d’habitude, je dis que je ne m’y aventurerai pas, car je n’ai même pas de maillot de bain. Sauf que je finis par y aller. J’ai bien envie de sauter à 10m de hauteur. Mais les jeunes ont un autre moyen de se faire un peu d’argent.  Ils vont sauter à 20m pour 1000F. Bien entendu que je veux voir ça. J’allonge les sous, et voici donc une belle démonstration. J’en suis bouche bé.

Mais allez, moi aussi je vais y aller. L’eau est fraiche, douce. C’est un vrai plaisir des sens. La montée de la rampe est un peu compliquée. Je n’ai plus mon agilité d’avant. Je trouve d’ailleurs que je fais une belle connerie, car si je me casse le cou sur ce rocher, tout le monde dira que c’est bien fait pour ma gueule. Allez, je saute. Je sens la gravitation me happer, comme une gigantesque main, et me plonger dans l’eau. Je remonte aussitôt. C’est excellent.

Ce coin est un bout de paradis. J’aimerais y rester indéfiniment. Mais il faut partir. J’achète un masque chez les artistes à la sortie, et nous embarquons. Mais là aussi, on vient me voir. Un lycéen à ramener à Nati. Peut –il embarquer. Oui, qu’on me dit. Très bien, c’est parti.

Avec Ambroise, nous avons beaucoup de projets. Mais déjà, il commence à faire tard. Surtout ne pas rester jusqu’à la nuit.

Nous reprenons le chemin inverse. Mais après le village de Massamba, au lieu de prendre la voie de Kantè, nous continuons tout droit. Et c’est là que je vois ce troisième type de tata. Ici, pas de terrasse. Plutôt un vestibule dallé, puis le reste est une soukhala comme partout ailleurs dans le nord.

Il y a vraiment de quoi faire un circuit bouclé en pays temberma.

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